Cette communication relate l'expérience de rencontres menée depuis cinq ans à Marseille en partenariat avec l'Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales et le Musée des Civilisations de l'Europe et de la Méditerranée. Partant d'une réflexion sur la place du dessin et de la photo dans l'édition scientifique inspirée de l'ouvrage de John Berger et Jean Mohr « Une autre façon de raconter » (Maspéro 1981) nous avons interrogé et mis en débats différentes formes d'éditorialisations associant textes, images, photos, vidéos, sons, à différentes étapes de
la chaîne du travail scientifique. Je restituerai ici les différents exercices de style et différentes façons d'objectiver le terrain pour un public étendu sur la base du pari tout à la fois simple et compliqué que les scientifiques ne doivent pas seulement être des producteurs et pourvoyeurs de connaissances mais qu'ils doivent également pratiquer les nouvelles formes d'expressions dans lesquelles on vit - imagées et numériques - notamment. Par-delà la question de l'imagination artistique ou scientifique, nous avons interrogé la nature des matériaux (cursifs et discursifs) et les formes et objectivations les plus adéquates pour leur rendre justice, mais également, de concert avec les designers, photographes, les graphistes et les spécialistes du roman graphique et de la bande dessinée, les différentes formes de créations et façons d'écrire avec les images (se fondant sur leurs expériences en fiction, documentaire, science ou art). Ces séminaires et ateliers collectifs ont autant permis de délinéer certains mécanismes d'intellection du social par la graphie que d'articuler cette dernière à l'écriture textuelle courante, et donc à imaginer, de façon pratique, de nouvelles compositions et intermédialités plus riches pour les sciences humaines et leurs usagers. Pour le débat collectif avec la salle nous poserons les questions empiriques (du point de vue des enjeux d'expression, de financement, de temporalités, ...) de comment faire travailler ensemble les chercheurs et graphistes ? Au moment de la problématisation ? Ensemble sur le terrain ? Lors de l'enregistrement et de la description ? Dans le cas de démarches appliquées, ou fondamentales ? Ou plus tard, lors de la scénarisation avec des visées de restitution ou de diffusion vers divers lectorats ?